Page:Boutroux - Études d’histoire de la philosophie.djvu/249

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régénérée, mais en un sens nouveau et surnaturel. La concentration nouvelle est l’œuvre de l’amour ou puissance unifiante de l’esprit. Sous son influence, les forces abdiquent leur violence et se complaisent les unes dans les autres. Les passions égoïstes s’éteignent, et à l’unité d’individus prétendants chacun exister seuls se substitue une unité de pénétration, où chacun cherche dans son accord avec le tout la participation à l’unité véritable. L’amour est ainsi le cinquième esprit ou la cinquième essence. Il a son symbole dans l’eau, qui éteint le feu des désirs et qui confère une seconde naissance, la naissance selon l’esprit.

Cependant les êtres ne doivent pas seulement se fondre les uns dans les autres. Leur unification ne peut être une absorption et un anéantissement. Le progrès de la révélation doit rendre perceptible la multiplicité, jusque dans cette unité spirituelle et profonde que confère l’amour. Un sixième esprit apparaît donc, qui dégage les éléments de la symphonie divine, et qui les fait entendre dans leur individualité en même temps que dans leur rapport à l’effet d’ensemble. Ce sixième esprit est la parole intelligente ou le son, grâce auquel les voix cessent d’être des bruits indistincts, mais acquièrent la détermination qui les rend saisissables en elles-mêmes et discernables. Comme l’amour était l’unification du multiple, ainsi la sixième essence est la perception du multiple au sein de l’unité même.

Il ne reste plus, pour achever l’œuvre de la réalisation