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II
AVANT-PROPOS.

l’autre. Ces copies, peut-être faites sous la dictée, émanent de personnes peu familiarisées avec la langue française[1], et même peu lettrées, comme le montrent les fautes que Leibnitz a dû corriger[2]. De plus, Leibnitz lui-même y a laissé quelques fautes qui ne se trouvent pas dans son propre brouillon[3]. Ces remarques suffisent déjà pour montrer qu’on ne doit pas s’en tenir, pour l’établissement du texte, à la seconde copie, ainsi que parait avoir fait Erdmann. Mais il y a plus. Si l’on examine attentivement le brouillon autographe et les deux copies, on trouve que le rapport en est moins simple qu’il ne semblait au premier abord. Certaines corrections faites sur le brouillon autographe ne se retrouvent sur la copie A que faites de la main même de Leibnitz[4], et l’analogue a lieu pour les copies A et B. Et même la copie A, bien qu’évidemment antérieure à la copie B, contient, écrites de la main de Leibnitz, certaines additions qui ne se retrouvent pas du tout dans la copie B. Tels sont les renvois à la Théodicée, et même une phrase terminant le § 42. De cet état de choses il parait résulter que Leibnitz a revu et corrigé son brouillon, même après la confection de la première copie, et qu’il a

  1. Au § 20 : les deux copistes écrivent : « Nous nous souvenons de rien », tandis que Leibnitz avait écrit : « Nous ne nous souvenons de rien ».
  2. Notamment dans les citations grecques.
  3. Au § 25, la seconde copie porte : « ce qui passe dans l’âme » au lieu de : « ce qui se passe dans l’âme », qu’on lit dans le brouillon et même dans la première copie.
  4. Ex. aux § 3 et 8.