Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/103

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de l’abandonner à un autre prince dès le moment que leur souverain deviendroit roi d’Espagne ? A cela je répons, qu’un habile politique ne doit point s’assurer sur la foi des restitutions. Les conseils des princes sont aussi fertiles en excuses que la société des jésuites. Les prétextes plausibles ne leur manquent point : ils usent du privilége de la direction d’intention. Les Anglois sur ce point sont, depuis quelques tems, devenus très-jésuites, & je crois qu’ils ont pris plusieurs raisons de ces révérends peres sur l’article de Gibraltar & de Port-Mahon. Que ne pourroient point faire des Espagnols naturellement portés à suivre la direction jésuitique ?

Voilà, mon cher Isaac, quelles sont les raisons qui me font soupçonner que Théodore agit de son chef, sans être dirigé par un premier mobile. L’argent qui lui manque, le peu de troupes qu’il a, la lenteur avec laquelle il se conduit, n’ayant pas fait encore une seule action qui puisse décider quelque chose : tout cela me confirme dans mon sentiment.

Mais d’un autre côté, lorsque je viens à considérer que le baron de Newhoff étoit esclave il y a deux ans, qu’il étoit malade dans un hôpital il y en a trois, qu’il a mangé & consumé depuis long-