Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/104

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tems son bien de patrimoine, & que je le vois arriver en Corse avec des caisses remplies de pieces d’or, & avec huit canons de fonte, dont le moindre coûte plus de deux mille écus, je ne sçais plus à quoi m’en tenir.

On ne trouve point deux ou trois cens mille livres à emprunter sur des frêles espérances, & qui paroissent ridicules à quiconque veut les examiner. Comment donc le baron de Newhoff a-t-il pû ramasser les secours qu’il a donnés aux Corses ? S’il ne les a pas trouvés chez de simples particuliers, il faut nécessairement qu’il les ait eu par le moyen de quelque souverain : & si c’est un souverain qui l’assiste, qui le soutient, qui le protége, pourquoi l’abandonne-t-il au besoin ? Pourquoi le laisse-t-il manquer d’argent & le met-il au risque d’employer inutilement les premières sommes qu’il lui a données ?

Ce sont-là des réflexions dans lesquelles l’esprit se perd & s’égare dès qu’il veut les approfondir. Les politiques croyent développer aisément tous ces secrets. Quant à moi, j’avoue de bonne-foi, que je n’y comprens rien, ou du moins bien peu de chose. Peut-être ceux qui croient les sçavoir les ignorent-ils ainsi que moi ; mais ils ont moins de bonne-foi, & veulent donner