Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/132

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Et le bois le moins sûr & le moins fréquenté Est, au prix de ses murs, un lieu de sûreté.

Les bâtimens anciens qui subsistoient dans cette enceinte, ayant encore été détruits en partie par le tems, en partie par les guerres, les peuples ennuyés de demeurer parmi des ruines, ont songé à se procurer un plus agréable séjour. Ils se sont établis peu-à-peu vers cet endroit qu’on appelle le Port-Neuf, tout-à-fait au bord de la mer. ils y fonderent une troisiéme Alexandrie, & abandonnerent la seconde, dans laquelle on n’a guère conservé que quelques mosquées qu’on entretient à cause de leur beauté. Cette nouvelle ville est autant inférieure à la seconde Alexandrie, que la seconde l’étoit à l’ancienne & à la véritable.

Je crois, mon cher Monceca, qu’il en est des empires, ainsi que des hommes. Ils s’élevent jusqu’à un certain point ; après quoi ils s’abaissent insensiblement, & se détruisent à la fin. C’est ainsi que l’empire d’Orient passa des Perses aux Grecs, & des Grecs aux Romains, & des Romains aux Turcs. Que sçavons-nous à qui il appartiendra dans un certain nombre de siécles : Peut-être le tems de cette révolution n’est-