Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/221

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connue : & loin que ce qu’il en a dit ait été reçu des autres philosophes, ils l’ont rejetté comme une chose inintelligible & contraire à la raison & à la lumière naturelle. Ciceron en examinant les différentes opinions des philosophes sur la nature de dieu, ne daigne pas s’arrêter à examiner le sentiment de Platon. Il a fait, dit-il, dieu sans corps, & son rayonnement ne peut se comprendre. [1]

Mais Platon lui même n’a reconnu la divinité que d’une manière corporelle ; & la spiritualité qu’il lui attribue n’est qu’une espèce de substance composée d’une matière subtile & déliée, qu’il croit avoir été le principe de tout ce qui a été créé. Comment peut-on expliquer autrement ce verbe externe & proféré, qui n’est autre chose, selon ce philosophe, que la substance que dieu poussa hors de son sein, ou qu’il engendra pour former l’univers ? Ne voilà-t-il pas un dieu matériel, qui pousse une semence hors de son sein ? Si le monde est une partie de la substance de dieu, ainsi que le prétend Platon, admettant d’abord le dieu suprême, ensuite le dieu visible, ministre du dieu

  1. Quod Plato sine corpore deum esse censet, id quale esse possit, intelligi non potest. Cicero de Nat. deorum. Lib.I.