Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/233

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Ces sortes d’assemblées ont beaucoup de ressemblance avec les anciennes cérémonies payennes des temples de Cythère & de Paphos. Je suis du moins assuré, que la déesse Vénus y reçoit pour le moins autant de vœux & d’offrandes.

Croirois-tu, mon cher Isaac, que dans un pays où la galanterie & l’amour ont autant de pouvoir, les richesses déterminassent presque toujours les faveurs des belles. Il en est peu d’entre elles qui résistent à des discours soutenus par beaucoup de louis. Je suis assuré qu’il est plus de cœurs à Paris qui se vendent, qu’il n’en est qui se donnent. Les femmes ne veulent pas convenir de cette vérité. Elles affectent au contraire un mépris infini pour celles qu’on soupçonne d’aimer plus par intérêt que par tendresse. Mais telle qui blâme une de ses amies, suit souvent la maxime qu’elle condamne.

On ne s’apperçoit point de ses défauts : l’amour-propre les déguise à l’esprit : l’on ne juge de soi-même qu’à travers le voile des passions qui obscurcissent entièrement le miroir où notre ame s’examine. C’est ainsi qu’autrefois Philippe, roi de Macédoine, prêchoit à son fils une morale toute différente de celle qu’il pratiquoit