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LETTRE LXXXVI.

Jacob Brito, à Aaron Monceca.

Dans ma derniere lettre je te promis, mon cher Monceca, que je te parlerais des médecins de cette ville, dont la réputation, est fort grande. J’ai eu plusieurs conversations avec quelques-uns des plus habiles, & je suis toujours dans le sentiment que j’étois à Constantinople, & que tu semblois ne point approuver.

La médecine est de tous les arts le plus incertain. Si ceux qui s’y appliquent n’étudioient l’anatomie, quelques autres sciences qui regardent le ministère du chirurgien, je soutiens qu’un homme pourroit devenir médecin dans trois jours, & connoître tous les grands ressorts de cet art dangereux. Il est vrai que la longue expérience & la fréquentation des malades donnent quelques idées de certains symptômes, dont un médecin peut profiter. Mais ce n’est qu’après en avoir tué un grand nombre, qu’il peut en sauver quelques-uns. Ainsi il ne faut regarder le médecin que comme un homme sortant de prendre