Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/270

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Je me trouvai il y a deux ou trois jours à une de ces fêtes. Je vis de jeunes gens-là qui s’exercerent à la lutte. Le prix du vainqueur fut une écharpe de soie bordée d’une frange d’argent qu’il reçut des mains du premier échevin de la ville. Celui de la course étoit plus riche que celui de la lutte : il consistoit en un vase d’argent fort bien cizelé. J’étois charmé de voir une légère image des anciennes fêtes de la Grèce ; & j’approuvai beaucoup les prudentes coutumes de ces provinces, qui encouragent leurs citoyens à se former à la fatigue, & à conserver & augmenter leurs forces par des prix dont la distribution devient si utile au bien de l’état.

Si nous examinons, mon cher Monceca, l’origine des jeux & des pompes de l’ancienne Grèce, nous reconnoîtrons aisément que la politique y eut pour le moins autant de part que l’esprit de religion & l’amour du spectacle. On voulut, dit un écrivain François [1], rassembler en même lieu, & réunir par des sacrifices communs, divers peuples tous indépendans, & la plûpart moins éloignés par la distance des

  1. œuvres de Toureil ; tome II. prés. hist. pag.17.