Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/301

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argument de la nécessité de la divinité. Puisque nous connoissons, que nous n’avons point été de tout tems, il faut nécessairement remonter à une cause éternelle, à un être supérieur, qui, ayant produit tous les êtres, les maintienne dans l’ordre où nous les voyons. Cette régle si belle & si sage est une preuve perpétuelle de l’existence de la divinité. C’est un argument convaincant, qui se présente sans cesse à nos yeux. Nous ne sçaurions les ouvrir sans qu’ils nous représentent les chefs-d’œuvre formés par ce tout-puissant : & lorsque nous les tenons fermés, notre ame supplée à leur défaut. Elle se dit à elle-même, qu’un être pensant & intelligent, tel qu’il est, ne sçauroit être la suite d’un principe ignorant & agissant sans connoissance. Ainsi la majesté & l’existence de la divinité se font connoître aux aveugles comme à ceux qui ont l’usage des yeux. Dès qu’un homme existe, il a les moyens de pouvoir le connoître, puisqu’il pense, & qu’il peut réfléchir sur sa pensée.

Mais si les hommes ont le bonheur de pouvoir s’élever par eux-mêmes à la connoissance de Dieu, ils ne doivent point pour cela prétendre à pénétrer dans les secrets qu’il a voulu cacher à nos yeux. Il est absurde que des créatures finies