Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/302

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veuillent connoître parfaitement les attributs & les qualités de l’infini. Quel ridicule n’y a-t-il pas à la créature, de prétendre s’élever jusqu’au créateur, & s’égaler à lui ? La connoissance que nous avons de la divinité, est le premier motif qui doit déterminer notre obéissance. Il n’est rien de plus insensé que de vouloir régler le pouvoir de Dieu, & de croire qu’une chose ne peut pas être, parce que nous ne comprenons point comment elle peut arriver. C’est-là la source des différentes erreurs qui s’élevent dans toutes les religions.

Voyons, mon cher Monceca, comment Mahomet réfute les incrédules, qui veulent borner la puissance céleste, & qui nient la possibilité de la résurrection des corps. « Quoi ! disent les méchans, nous mourrons, nous serons terre, & nous retournerons au monde ? Voilà un retour bien éloigné ! »…… Et pourquoi ne ressusciteront-ils point ? Ne voient-ils pas le Ciel au-dessus d’eux, comme nous l’avons bâti, comme nous l’avons orné, comme il n’y a point de défaut ? Nous avons étendu la terre, élevé les montagnes, & avons fait produire toutes sortes de fruits pour signe de notre toute-puissance. Nous avons envoyé la pluie du ciel, & nous en avons fait produire des jardins, des grains agréables