Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/35

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Les moines ne le cèdent en rien aux religieuses pour la mascarade. Ils jouent aussi des farces publiquement dans leurs couvens. Le pere prieur fait le Bonhomme Jean-broche : les jeunes novices s’acquittent à merveille des rôles d’Angélique & de Spinere ; & jusques aux frères lais, tous veulent avoir part aux plaisirs publics. Ces moines poussent même la science plus loin : ils vont jouer leurs pièces dans bien des maisons particulières. Pour une collation, on peut avoir chez soi, pendant toute une après midi, la troupe Franciscaine ou l’Augustinienne. L’on a à choisir parmi toutes les différentes sectes de moines.

Ces troupes particulières n’empêchent point qu’il n’y en ait plusieurs autres de véritables comédiens répandus dans la ville. L’opéra occupe le premier théâtre. Il est magnifique, & les décorations en sont superbes.

Les Milanois ont une façon particulière d’applaudir aux acteurs aux actrices. Ils composent des sonnets, ou bien ils les font faire à quelques poëtes à gage : & lorsqu’un virtuoso ou une virtuosa a parfaitement chanté, on jette de tous côtés sur le théâtre de ces sonnets imprimés, qui contiennent tous quelques louanges de l’acteur. Il arrive souvent