Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/354

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remarquent en eux quelque incrédulité. Eh quoi ! leur disent-ils, vous ne croyez pas que la sainte ait parlé ? Il n’y a pourtant rien de si certain : car tout le monde l’assure dans la ville ; & cela est écrit dans les registres de l’église. Il seroit inutile de vouloir disputer sur la réalité de ces miracles : il faut garder un silence sensé, nécessaire à tous les voyageurs, & particulièrement à ceux d’une religion différente de celle du pays dans lequel ils sont. Il est même dangereux dans bien des pays nazaréens de s’expliquer un peu trop librement. On le peut en France, sans courir aucun risque. Pourvû qu’on y respecte la divinité, & la personne du prince, on y fait peu d’attention aux autres discours ; mais dans le Pays-Bas, les moines y ont presque autant de crédit qu’en Italie. Ils y sont même aussi riches. On m’a assuré que de trente-cinq mille bonniers de terre, dont la province de Brabant est composée, il y en a vingt-neuf mille qui appartiennent en propre aux communautés ecclésiastiques.

Si les prêtres n’achetent pas des titres dans ce pays, c’est leur faute : car ils sont assez riches pour pouvoir se procurer de l’excellence autant qu’ils voudront. Il est tel prieur ou supérieur d’un couvent de bénédictins, de bernardins, &