Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/361

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fit une maxime essentielle, pour obliger à la pratiquer avec plus d’exactitude. Ce qui me persuaderoit que les Juifs ont circoncis à l’exemple des Egyptiens, c’est qu’ils ont conservé plusieurs coutumes de ces peuples, & que même nous les observons encore. Jamais, dit Hérodote, Egyptien ou Egyptienne ne baisent un Grec à la bouche : & par la même raison, ils ne se servent jamais du couteau, de la broche & du pot d’un Grec, & ne mangent de la viande d’un bœuf qui a été coupé avec le couteau d’un Grec. [1]

Nous observons encore les mêmes cérémonies avec les Nazaréens. Sans doute nos peres les observoient avec les payens. Où avons-nous pris ces coutumes & ces regles ? Elles ne sont point ordonnées par la loi écrite : elles sont d’une grande ancienneté. Les Egyptiens les pratiquoient avant nous. N’est-il pas visible que c’est d’eux que nous les avons imitées ? Je les regarde comme des superstitions qui n’ont rien de commun avec la loi épurée de Moyse. Quand même je ne serois point Caraïte, je ne me ferois aucune peine, mon cher Monceca, de rejetter toutes ces chimères que je n’ai jamais approuvées, lors même que j’étois rabbin. Car quel est l’intérêt que prend la divinité à de pareilles

  1. La même.