Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 3.djvu/87

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splendeur de cette ville. Ces morceaux de marbre qu’on y apperçoit, ces chapiteaux, tout renversés qu’ils sont, offrent encore quelque chose de noble à l’imagination. L’esprit se représente, par ces restes superbes, la grandeur & la magnificence des bâtimens, lorsqu’ils étoient dans leur entier.

Si Paris, & la plûpart des villes de la France venoient à être détruites, cinq cens ans après on auroit peine à découvrir quelques traces des plus superbes bâtimens. Le défaut du marbre enseveliroit bien-tôt les édifices déja ébranlés. La pierre ne résiste aux rigueurs du tems, que lorsqu’elle est jointe avec plusieurs autres : mais dès qu’elle est séparée du corps du bâtiment, elle perd bientôt la forme que lui avoit donnée la main de l’ouvrier. Il n’est aucune colonne de marbre à Paris dans les édifices publics. Versailles, où Louis XIV a dépensé des sommes immenses, contient moins de marbre, si l’on en excepte les statues, que le palais d’un simple Génois. La sculpture de la façade du Louvre est déja rongée & endommagée par le tems ; & cet édifice n’est pas encore achevé.

Les ruines des villes de l’Archipel arrêtent depuis plusieurs siécles la curiosité des voyageurs. Les Turcs cependant