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DE LADY AUDLEY

vraient et les fermaient. Mais, malgré toutes ces précautions à l’endroit des entrées principales de la citadelle, la porte vitrée qui donnait accès de la salle à manger sur la pelouse n’était défendue que par un volet en bois et une barre de fer qu’un enfant pouvait soulever sans peine.

C’était par là que lady Audley voulait s’échapper de la maison. Elle avait assez de force pour soulever le volet et la barre de fer, et elle ne courait pas grand risque en laissant ce passage libre derrière elle. Il était peu probable que sir Michaël s’éveillât de sitôt. Il avait le sommeil lourd d’habitude, et depuis sa maladie son sommeil était devenu plus lourd encore.

Lady Audley traversa la bibliothèque et ouvrit la porte vitrée de la salle à manger. Cette salle à manger avait été construite tout récemment. Elle était simple et gaie, et tapissée d’un papier de couleur. Alicia l’habitait plus souvent que qui que ce fût. Les mille riens qui révélaient les occupations favorites de la jeune fille étaient éparpillés dans la salle : c’étaient des pinceaux, des brosses pour le dessin, une broderie commencée, des écheveaux de soie tout embrouillés, et une foule d’autres objets attestant la présence d’une insouciante jeune fille. Le portrait de miss Audley — jolie esquisse au crayon, qui la représentait en habit et en chapeau d’amazone — était accroché au-dessus de la cheminée. Milady regarda ces objets avec de la haine et du mépris dans ses beaux yeux bleus.

« Comme elle serait contente s’il m’arrivait malheur, dit-elle. Quelle joie pour elle, si j’étais chassée d’ici. »

Lady Audley posa la lampe sur une table, près de la cheminée, et elle se dirigea ensuite vers la porte vitrée et l’ouvrit. La nuit était froide et noire, et une bouffée de vent qui s’engouffra par l’ouverture éteignit la lampe.

« Peu m’importe ! murmura milady, je ne l’aurais