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DE LADY AUDLEY

lady Audley entr’ouvrit seulement sa porte et déclara qu’elle n’avait pas l’intention de descendre.

« Je souffre horriblement de la migraine, Martine, dit-elle, et je vais tâcher de dormir. Vous viendrez m’habiller à cinq heures. »

Lady Audley avertissait sa femme de chambre qu’elle aurait besoin d’elle à cinq heures, mais c’était avec l’intention bien arrêtée d’être prête à quatre heures pour se passer de ses services. Parmi les espions privilégiés, celui qui a le plus de privilèges, c’est la femme de chambre. C’est elle qui baigne à l’eau de Cologne les yeux de lady Theresa après qu’elle s’est querellée avec le colonel ; c’est elle qui administre des sels volatils à miss Fanny après que le comte Beaudesert, des Cuirassiers bleus, l’a quittée pour ne plus la revoir ; elle a une foule de moyens pour découvrir les secrets de sa maîtresse. Elle devine à la manière dont elle secoue la tête sous la brosse ou le peigne, les tourments qui lui déchirent la poitrine, — les incertitudes qui l’inquiètent. Cette servante bien dressée sait interpréter à merveille tous les symptômes des maladies morales auxquelles sa maîtresse est sujette ; elle sait le moment où s’achète et se paye le teint d’ivoire, — et en quelle substance étrangère sont les dents qui ressemblent à des perles ; — elle sait que les bandeaux épais et luisants sont la propriété des morts plutôt que des vivants ; et elle connaît encore d’autres secrets plus précieux que ceux-là. Elle sait que le doux sourire de mistress Leverson est encore plus faux que ses diamants, et que les paroles qui s’échappent de ses lèvres vermillonnées ne sont pas de bon aloi. Quand la reine du bal rentre chez elle, jette son grand burnous et son bouquet fané, dépose son masque comme Cendrillon perd sa pantoufle de verre qui la fait reconnaître et reprendre ses haillons, la femme de chambre est là