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DE LADY AUDLEY

beaucoup d’égards et de compassion, de lui accorder tout ce qui serait raisonnable, mais de ne la laisser sortir de la maison sous aucun prétexte. M. Val la ferait accompagner dans le jardin par une personne de confiance et serait responsable de sa pensionnaire. En outre, puisque M. Val était protestant, il trouverait quelque ministre bienveillant qui viendrait prodiguer à cette dame les conseils et les consolations dont elle avait grand besoin.

Telle fut, en résumé, avec les arrangements nécessaires pour la question d’argent qui serait réglée de temps en temps par M. Audley sans l’intermédiaire de personne, la conversation du directeur et de Robert, conversation qui dura environ un quart d’heure ; et quand ils eurent fini, ils retrouvèrent lady Audley dans la même attitude que lorsqu’ils l’avaient quittée : ses mains jointes couvraient toujours sa figure.

Robert s’approcha d’elle et lui dit tout bas à l’oreille : « Vous vous nommez dorénavant mistress Taylor. Je ne crois pas que vous ayez l’intention de révéler votre véritable nom. »

Elle secoua la tête pour toute réponse et n’écarta pas ses mains de sa figure.

« Madame aura une servante pour elle seule, dit M. Val. Tous ses désirs seront satisfaits, tous ses désirs raisonnables, veux-je dire, ajouta-t-il, avec son étrange mouvement d’épaule, et nous ferons notre possible pour que le séjour de Villebrumeuse lui plaise et lui soit profitable. Les pensionnaires dînent ensemble quand elles le veulent, je dîne moi-même très-souvent à leur table, mon second toujours. Je demeure avec ma femme et mes enfants dans un petit pavillon aux environs ; mon second, un habile et digne homme, réside dans l’établissement. Madame peut compter sur tous mes efforts pour… »

M. Val aurait continué longtemps encore sur le