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de l’erreur

d’une antithèse diffère de l’exposition d’une thèse. — Un partisan de l’optimisme qui ne se préoccuperait pas des objections tirées de l’existence du mal, aurait édifié sur le sable. De même une théorie de la certitude ne saurait être complète sans une théorie de l’erreur.


Les philosophes sont loin d’être d’accord sur la question de savoir si la vérité peut être connue et si la certitude est accessible à l’homme. On peut ramener à deux les solutions principales que ce problème a reçues ; quelle que soit celle que l’on adopte, la question de l’erreur conserve toute son importance.

À l’origine, le sens commun nous invite à considérer les choses et le monde sensible comme existant en dehors de nous, de telle sorte que nos idées en soient les images fidèles. Une telle conception pourtant, contredite par les erreurs des sens, si fréquentes, battue en brèche par l’expérience de chaque jour, ne peut se soutenir longtemps. Mais aussitôt la métaphysique la transporte du monde sensible dans le monde intelligible. Aux choses sensibles, décidément trop mobiles et trop insaisissables pour être l’objet de la vraie science, on substitue les « idées », comme dit Platon, les « essences objectives », comme disent Descartes et Spinoza. Mais, si l’objet de la connaissance a changé, le mode de la connaissance est demeuré le même ; c’est par une sorte de regard immédiat, par