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du problème de l’erreur

semblable à un miroir qui tord et défigure toutes les images qu’il reçoit ? — On doit résoudre cette question si on veut porter sur lui un jugement équitable ; il faut instruire son procès avant de le condamner ou de l’absoudre.

On peut dire qu’une solution de cette question est donnée par une théorie de la vérité et de la certitude, et qu’il n’y a point grand avantage à prendre les problèmes à revers au lieu de les aborder de face. — Toutefois, lorsqu’il est question de vérité et d’erreur, comme lorsqu’il s’agit du bien et du mal, toutes les obscurités ne sont pas levées une fois qu’on a considéré le côté positif du problème : il est nécessaire d’envisager aussi le côté négatif. L’erreur ne s’oppose pas à la vérité comme l’oubli au souvenir, ou l’ignorance à la science. L’oubli n’est que l’absence du souvenir : il est expliqué lorsqu’on sait pourquoi les causes qui produisent le souvenir ont cessé d’agir. Mais l’erreur n’est pas seulement l’absence de la vérité ; elle n’est pas seulement une privation ou une négation. Du moins, c’est une question de savoir si elle ne contient rien de positif. Si elle est positive, il faut expliquer comment ce caractère peut être concilié avec la certitude. Il y a donc un problème de l’erreur, intimement uni, il est vrai, à celui de la certitude, car ce serait une bizarre tentative de chercher à connaitre ce qu’est l’erreur sans savoir ce qu’est la vérité ; distinct pourtant de ce problème comme la réfutation