Page:Broglie - Souvenirs, 1830-1832.djvu/65

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fant qu’il avait tenu deux fois sur les fonts du baptême.

Je n’oublierai de ma vie que le second jour des événements de Juillet, traversant la rue de Rivoli vers six heures du soir, au bruit lointain de la fusillade, et voyant M. de Talleyrand à la fenêtre de son entresol, j’y montai pour lui raconter le peu que je savais, et que, retenu par lui à dîner avec deux ou trois commensaux qui ne comptaient pas, j’y vis arriver, au dessert, l’ambassadeur d’Angleterre sir Charles Stuart. Leur entretien fut long ; au point où nous en étions, ils ne se gênèrent pas en ma présence et ce qu’ils se dirent sur ce qui ne pouvait guère manquer d’arriver n’était pas, à coup sûr, de gens qui s’en parlassent pour la première fois.

Rien donc d’extraordinaire, voire même rien que de naturel dans l’idée de confier à des mains si exercées en fait d’évolution, si expertes en fait d’hommes et de choses, si aguerries en fait d’événements, le soin de guider, à ses premiers pas, notre gouvernement nouveau-né et de l’accréditer en Europe, vaille que vaille, advienne que pourra.

M. de Talleyrand connaissait bien l’Angleterre, du moins dans ses principaux personnages ; il en était bien connu. Il connaissait mieux encore les