Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/18

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et ne voulait pas être consolée. Cependant le jeune Graham revint. C’était un magnifique garçon de quinze ans, bruyant comme un enfant gâté ; sa première apparition parut faire peur à Polly, en ce moment perchée sur une grande chaise à côté d’une table à ouvrage et occupée à se broder un mouchoir.

— Eh ! quoi, maman, dit-il, vous ne me présentez pas à miss Home ! Dois-je donc me présenter moi-même ?

Et sans attendre la réponse de sa mère :

— Excusez-moi, miss Home, si j’use de cette liberté : Disposez en toutes choses de John Graham.

Polly le regarda de son air le plus sérieux, et elle descendit avec dignité de son perchoir pour lui faire une gracieuse révérence.

— Oh ! comme elle est mignonne, maman ! s’écria John Graham.

Et, sans plus de façon, il l’enleva, comme un géant eût fait d’un pygmée, sur la paume de sa main, pour la considérer de plus près. La plaçant ensuite au-dessus de sa tête, il lui dit de se regarder dans la glace, ce qui ne pouvait manquer, selon lui, de la faire beaucoup rire.

— Mettez-moi à terre, monsieur ! s’écria Polly d’un ton de dignité blessée. Me prenez-vous pour une poupée ?

Malgré ce grave manquement aux lois de