Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/20

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— Non, le voilà pour rien.

— Merci, merci, M. Graham !

Et elle prit la gravure avec reconnaissance.

Ce début, près de Polly était heureux. Le grand garçon et la petite fille devinrent les meilleurs amis du monde ; je ne sais lequel des deux témoignait le plus de sollicitude pour le bien-être de l’autre. Le plus grand bonheur pour Polly était de rester assise aux genoux de Graham sur un tabouret, et de l’entendre raconter tout ce qui lui arrivait au collége. Bientôt elle sut par cœur tous les noms de ses camarades. Il suffisait qu’il lui décrivit une seule fois leur caractère et leur extérieur, pour qu’elle ne les oubliât plus ; jamais elle ne les confondait entre eux. Pendant des soirées entières, elle s’entretenait avec lui de personnes qu’elle n’avait jamais vues. S’associant aux antipathies de Graham, elle avait fini par prendre en grippe un pauvre maître d’étude et par le contrefaire d’après ce qu’il lui en avait dit ; mistress Graham jugea même à propos de défendre cette malicieuse parodie, malgré le plaisir qu’elle éprouvait à voir s’épanouir le front de Polly.

L’amitié des enfants (le plus grand n’était pas le moins enfant des deux) avait bien ses nuages. Les querelles, heureusement, rares, prenaient parfois un caractère sérieux ; Polly