Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/21

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mettait dans les moindres choses un sentiment profond, passionné, peu en rapport avec son âge et sa frêle personne. J’en citerai un exemple ou deux seulement ; car nous retrouverons plus tard mademoiselle Pauline Home. Un jour, c’était l’anniversaire de la naissance de Graham, plusieurs de ses camarades vinrent passer la journée avec lui. Après dîner, la bande joyeuse resta dans la salle à manger ; ou elle ne tarda pas à faire un assez beau vacarme. En traversant le vestibule, je trouvai Polly assise sur la dernière marche de l’escalier, les yeux fixés sur les panneaux de la porte de la salle à manger ; panneaux luisants qui reflétaient en ce moment la clarté de la lampe dudit vestibule. Le front de la petite semblait tout soucieux.

— À quoi pensez-vous donc, Polly ?

— Je voudrais que cette porte fût de verre, dit-elle.

— Qui vous empêche d’entrer ? Vous verrez encore mieux ce qu’ils font.

— Je n’ose pas. Me le conseillez-vous ?

— Pourquoi pas ?

Elle se hasarda à frapper ou plutôt à gratter à la porte. Comme on ne semblait guère pouvoir l’entendre au milieu du bruit que faisaient ces messieurs, je frappai pour elle beaucoup plus fort.