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quand il reviendra. J’attendrai son retour pour monter à cheval.

Peu à peu, Polly s’était familiarisée avec moi. Je n’étais pas sa confidente, mais elle me communiquait une partie de ses réflexions.

— Savez-vous, miss Lucy, quel est, de toute la semaine, le jour où Graham est préférable ?

— C’est une question bien singulière, missy. N’est-il pas le même tous les jours ?

— Oh ! non. Il est bien différent le dimanche. Nous l’avons à nous toutes seules, ce jour-là. Il est si calme et si bon !

L’observation de Polly était assez fondée. Graham subissait l’influence du jour consacré à la religion, de ce jour qui n’a pas cessé d’être la trêve de Dieu. Ce jour-là, pour lui comme pour tant d’autres, était plein d’une douce quiétude, et la soirée s’écoulait sereine entre toutes, près du foyer domestique. Ce jour-là, il prenait possession du sofa et appelait Polly auprès de lui.

Graham ne ressemblait pas à tous les garçons de son âge. Sous un extérieur enjoué, il y avait chez lui un fond sérieux ; il était déjà capable de ce qu’on peut appeler à tous les âges la contemplation ; il aimait la lecture, mais il avait des préférences caractéristiques pour certains livres, et ces préférences indi-