Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/25

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quaient toujours l’instinct de l’honnêteté et du beau. Rarement il commentait tout haut ce qu’il lisait, comme le font beaucoup d’enfant, mais je le voyais souvent réfléchir après avoir fermé son livre.

Il prenait plaisir à faire chanter ou plutôt à faire réciter à Polly les hymnes qu’elle avait apprises dans la semaine. Polly avait peu de voix, mais cette voix avait un timbre musical. Elle accentuait son récitatif et y mettait tant d’âme, que l’élève surpassait le maître. Aussi Graham en était-il tout fier. Il faisait également lire la Bible à Polly, qui lisait fort bien. Joseph vendu par ses frères, la vocation de Samuel, Daniel dans la fosse aux lions, étaient ses épisodes favoris ; je ne me serais jamais lassée de les entendre lire par elle.

Graham lui avait fait don d’un grand livre à images qui faisait ses délices et parlait surtout à son imagination c’était un voyage autour du monde.

— Aimeriez-vous à voyager, miss Lucy ? me disait-elle un jour. Moi, je voudrais voir le grand mur de la Chine, et ces dames chinoises qui n’ont pas de pied plus grand que le mien. Alors il doit être presque aussi petit que celui de Candace.

C’était le nom de la poupée, ainsi baptisée par Graham, parce que sa figure un peu