Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/26

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noire lui donnait, disait-il, le teint éthiopien.

— Se peut-il, miss Lucy, qu’on trouve dans la terre les ossements d’animaux plus gros que les éléphants ? Oh ! quand je serai grande, je voyagerai avec Graham et papa. Nous irons d’abord en Suisse, pour gravir le Mont-Blanc. Mais, attendez donc que je chercher dans le livre : il y a une bien plus haute montagne qu’on appelle le Kim. Kimborazo, c’est en Amérique. Je veux monter en haut du Kimborazo.

— Pauvre petit oiseau-mouche, pensé-je, qu’iriez-vous faire dans les régions où plane le condor ?

Dans la soirée même où Polly m’avait communiqué ces beaux projets, il arriva une lettre de son père qui la rappelait près de lui avec Henriette. Sa mauvaise santé l’avait décidé à se fixer tout à fait en France, dans sa famille maternelle. C’était au moins le prétexte dont il colorait son dégoût pour l’Angleterre.

La nuit qui précéda le départ, Polly ne dormit pas. Son lit était froid, disait-elle, elle ne pouvait le réchauffer ; je la pris dans le mien. Nous parlâmes longtemps et toujours de Graham, dont le sort l’inquiétait ; le fait est qu’elle avait fini par être sa petite fée protectrice.

— Dormez, mon enfant, lui dis-je enfin. Dormez.