Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/44

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même un cottage isolé. En l’absence du clair de lune, la pale lumière des étoiles indiquait seule le sentier ; mais une singulière surprise m’était réservée, le spectacle d’une auréole boréale : Loin de me causer une terreur superstitieuse, ce brillant phénomène agrandit le cercle de ma pensée en la transportant dans des pays lointains. L’existence humaine n’était donc pas circonscrite par la nature dans un coin de terre ! Une énergie jusqu’alors latente en moi me fut tout à coup révélée ; je respirai à pleins poumons l’âpre brise qui balayait la plaine : une pensée hardie me vint.

— Pourquoi ne voyagerais-je pas comme cette brise ? Je ne suis pas plus enchaînée qu’elle.

Où aller ? C’était la grande question.

La réponse ne se fit pas attendre. Depuis que habitais, cette paroisse, dans un des planes et fertiles comtés du centre, je voyais sans cesse des yeux de l’esprit ce que je n’avais pas encore vu des yeux du corps ; je voyais Londres a l’horizon.

En partant pour la grande métropole, je courais moins de risques, je faisais preuve d’un esprit moins aventureux qu’on ne se l’imagine peut-être. La distance, en résumé, n’était que de cinquante milles. Mon pécule me permettait d’aller à Londres, d’y rester quel-