Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/46

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me disait qu’il valait mieux marcher en avant qu’à reculons. Dieu y mettrait sa grâce ! Au moment où je soufflai la lumière, un son métallique sourd, mais puissant, vibra dans la nuit. Je me demandai ce que ce pouvait être ? Le même son, reproduit douze fois à intervalles égaux, se chargea de me répondre ; il était minuít ; j’allais dormir à l’ombre de Saint-Paul.

Le lendemain, premier jour de mars, lorsque à mon réveil j’entr’ouvris mes rideaux, le soleil levant luttait contre les brouillards. Au-dessus de ma tête et des toits des maisons, je vis une grande masse arrondie, d’un aspect solennel, d’un gris sombre et bleuâtre ; c’était le dôme de la cathédrale. Je ne sais comment, expliquer ce qui se passa en moi, mais il me sembla que pour la première fois mon esprit dégageait ses ailes jusqu’ici captives. J’éprouvai la joie d’un oiseau échappé de sa cage ; je me sentis vivre comme je n’avais jamais vécu.

— Oui, j’ai bien fait de venir à Londres, me dis-je à moi-même.

Et j’étais tentée de prendre en pitié ceux qui restaient attachés comme des plantes au sol qui les avait vus naître.

Je descendis ; on m’apporta à déjeuner ; je liai conversation avec le garçon. Depuis vingt