Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/51

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L’Éclair finit enfin par se laisser découvrir. Grâce à la lanterne, je lus son nom.

— Nous sommes arrivés, dit le maître batelier ; c’est six shellings.

— Six shellings ! y pensez-vous ? c’est beaucoup trop.

— Je ne vous débarquerai pas à moins. Et, joignant l’effet à la menace, il poussa au large.

Un jeune homme, le stewart[1], nous regardait de la galerie du navire et se disposait à rire de cette scène ; je le désappointai en payant. Trois fois, dans l’après-midi, j’avais donne des couronnes quand je n’aurais dû donner que des shellings ; mais je me consolai par la réflexion que l’expérience ne saurait se payer trop cher.

— Vous vous laissez voler comme cela par ces pirates d’eau douce ? me dit le stewart en ricanant. C’est trois fois plus qu’il n’aurait dû demander.

— Je le sais, répondis-je froidement.

Une femme de haute et robuste taille, belle encore dans son âge mûr et qui affichait des prétentions à l’élégance, allait et venait dans la cabine des dames sans avoir l’air de prendre garde à moi. Voyant qu’elle était de la maison, je la priai de vouloir bien m’indiquer où je

  1. Le commis aux vivres.