Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/56

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— Oui, répondis-je franchement. Peut-on être blasée sur rien à votre âge ?

— Mais j’ai dix-sept ans !

— Je vous en aurais donné seize au plus. Ce n’est pas une bien grande différence. Aimez-vous à voyager ainsi toute seule ?

— Cela ne me fait rien. J’ai traversé dix fois là Manche. Le voyage n’est pas long, et si court qu’il soit, je fais toujours quelque connaissance en route.

— Vous n’en ferez guère cette fois, car les passagers he paraissent pas de votre goût.

— Non, certes ; ces gens-là, malgré leurs prétentions, seraient mieux à leur place parmi les passagers de l’avant. Et où allez-vous ?

La question était un peu brusque, la réponse assez embarrassante.

— Ou je vais ? Ma foi, je ne sais trop. Je vais à Ostende comme vous.

— Moi, je vais en pension. Vous ne sauriez vous imaginer dans combien de pensionnats étrangers je suis déjà allée. Cela ne m’empêche pas d’être une ignorante. Excepté le piano et la danse, je ne sais rien, absolument rien. Je parle français et allemand ; mais je n’écris ni l’une ni l’autre de ces deux langues. Ne s’est-on pas avisé de vouloir me faire traduire, l’autre jour, une page d’un auteur allemand qu’on disait facile ? C’était de l’hébreu