Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/62

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heurtaient les flancs du navire, qui n’en frayait pas moins hardiment sa route et semblait fort peu s’inquiéter des mugissements des flots et des sifflements des vents. Plusieurs objets d’ameublement commençaient à entrer en danse ; il fallut les attacher à leurs places. Les passagers souffraient de plus en plus ; miss Genevra déclarait qu’elle se sentait mourir.

— Le moment serait mal choisi, ma toute belle, lui dit la mère du stewart ; ce serait périr, au port. Dans un quart d’heure, nous serons à Ostende.

Il n’était que trop vrai, pour moi au moins ; car, l’avouerai-je ? je craignais d’arriver ; mon temps de calme d’esprit était passé ; les difficultés, allaient renaître.

Nous voilà, donc dans le port d’Ostende. Debout sur le pont, l’air glacé, l’épaisseur, de la nuit semblaient me punir de ma présomption. Qu’étais-je venue faire là ? Les lumières de la ville et du port m’apparaissaient comme autant d’yeux menaçants luisant dans les ténèbres. Des amis étaient venus à la rencontre des Watson ; toute une famille anglaise emmenait triomphalement, miss Genevra ; quant à moi… Mais l’idée même d’une comparaison pouvait-elle me venir ?

Impossible de rester à bord ; il fallait trouver un gîte à terre. La mère du stewart, surprise