Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/63

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de recevoir d’une passagère de si humble apparence, une gratification inaccoutumée, me dit adieu d’un ton assez aimable, pour que je me hasardasse à la prier de m’indiquer une auberge tranquille et peu chère.

Non-seulement elle me donna l’adresse demandée, mais elle appela un commissionnaire et lui dit de me conduire à l’auberge en question ; ma malle était déjà partie pour la douane, où je devais la faire réclamer. Je suivis mon guide à travers une longue rue au pavé raboteux. La lune avait fini par se montrer et nous éclairer de sa lueur capricieuse, à défaut de réverbères. Arrivée à l’auberge, j’offris à mon guide une pièce de six pence qu’il refusa. Je la repris pour lui donner un schelling qu’il refusa encore ; lui fallait-il donc aussi une couronne ? Je ne pouvais rien comprendre à son langage, mais sa voix était rude ; il gesticulait d’un air fort courroucé. Un garçon, venu à notre rencontre dans le vestibule, m’expliqua en mauvais anglais que mon argent n’avait pas cours à Ostende ; je le priai de changer un souverain. Le mal de mer me poursuivant encore, je ne songeai pas même à souper. Avec quel plaisir je refermai la porte de la très-petite chambre où l’on m’avait conduite ! une nuit de repas me séparait du douteux lendemain.