Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/66

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de lumière, qui paraissait être le café de l’Hôtel. Ce ne fut pas sans trembler un peu que j’y entrai ; la situation était si nouvelle pour moi ; la grandeur même du local me faisait plus péniblement sentir mon isolement, mon complet abandon. Avais-je eu tort ou non d’entrer ? Selon toute apparence j’avais eu tort, car il n’y avait pas d’autres femmes, mais je suis un peu fataliste, et dans l’incertitude il n’est pas plus rationnel de reculer que d’avancer. Je m’assis donc dans un coin écarté, devant une petite table où l’on m’apporta à déjeuner. J’aurais été beaucoup plus à mon aise s’il y avait eu d’autres dames ; aucun des messieurs qui déjeunaient comme moi isolément ne parut s’étonner de ma présence. Un ou deux me regardaient bien du coin de l’œil, mais d’une manière qui n’avait rien de désobligeant. Ma conduite, en cette circonstance, leur eût semblé d’ailleurs excentrique, qu’une simple réflexion aurait tout expliqué : « C’est une Anglaise ! »

Le déjeuner fini, il fallait se remettre en route, mais dans quelle direction ? Ostende n’offrait aucune ressource, d’après ce qu’on m’avait dit. Hors la saison des bains, la ville n’était pas moins déserte que les sables de sa plage. « C’est à Bruxelles qu’il faut aller. » murmurait une voix intérieure, inspirée sans