Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

doute par le souvenir de quelques mots jetés en l’air par miss Genevra Fanshawe au moment où nous nous étions quittées.

— Si vous n’avez pas d’autre ressource, présentez-vous chez madame Beck. Je sais qu’elle cherchait, il y a deux mois, une gouvernante anglaise pour ses vilains marmots d’enfants.

Qu’était-ce que madame Beck ? Où habitait-elle ? Je l’avais demande ; mais miss Genevra, entraînée par ses amis, n’avait pas eu le temps de me répondre. Je présumai que Bruxelles devait être la résidence de cette dame. Le chemin de fer n’existait pas encore. Quarante milles anglais ne sont pas une bien terrible distance à franchir. Partons pour Bruxelles. C’était se rattraper à un fétu de paille ; mais dans l’embarras où je me trouvais, je me serais rattrapée à une toile d’araignée. Ne me trouvais-je pas dans la position d’un joueur qui, n’ayant plus rien à perdre, aurait encore quelque chose à gagner ?

Je ne suis pas d’un tempérament artistique, bien s’en faut ! Le don de voir les réalités de la vie à travers le prisme de l’imagination ne m’a pas été accordé, mais l’impression, du moment me possède ; je sais dormir entre deux orages et jouir de l’heure présente, pour peu qu’elle m’agree. Nous voyagions lente-