Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/68

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ment ; il faisait froid et il pleuvait ; la route traversait de vastes plaines sillonnées par des canaux d’une eau verdâtre et stagnante qu’on aurait pu comparer à de tortueux serpents à moitié engourdis ; de vieux saules marquaient les limites de champs cultives comme des jardins potagers ; le ciel, d’un ton gris et plombé, n’était pas moins monotone ; l’atmosphère avait une humidité pénétrante, et cependant mon cœur s’épanouissait aux rayons d’un, soleil intérieur ; je me complaisais dans l’inactivité forcée et, somnolente de la diligence, sans me déguiser que ce bien-être moral et physique relatif n’était qu’une trêve et que l’adversité m’attendait peut-être au bout du chemin comme un tigre tapi dans les jungles.

Mon espoir d’atteindre Bruxelles avant la nuit, et d’échapper ainsi à tous les embarras qu’ajoute l’obscurité à une première arrivée dans une ville étrangère, se trouva déçu par la lenteur de notre marche, le temps perdu à chaque relais, la pluie battante et un épais brouillard. Des ténèbres non-seulement visibles, mais palpables, s’étaient emparées de la ville, lorsque nous atteignîmes ses faubourgs.

À la lueur des réverbères je vis les soldats qui montaient la garde aux portes de la capitale de la Belgique. La diligence, roulant sur