— Laissez là cette malle, dit une voix anglaise.
Et se traduisant elle-même en français :
— Cette malle est à moi.
Le son d’une voix qui était évidemment celle d’un compatriote, avait réjoui mon cœur.
— Excusez-moi, monsieur, dis-je à l’inconnu ; le conducteur m’a mal comprise et cela n’est pas étonnant ; je ne sais pas un mot de français. Je ne lui demandais pas votre malle, mais ce qu’il a fait de la mienne.
Sans bien m’expliquer, au premier moment, l’expression du visage sur lequel mes yeux s’étaient levés et fixés, je crus y lire un mélange de surprise et d’hésitation. Mes compatriotes, en général, se soucient peu de se mêler des affaires d’autrui.
— Seriez-vous assez bon, monsieur, pour lui demander ce qu’est devenue ma malle ? C’est un service que je serais moi-même heureuse…
Il ne me laissa pas achever ; je ne saurais dire s’il sourit ou ne sourit pas, mais il reprit du ton d’un véritable gentleman, c’est-à-dire d’un ton qui n’avait rien de dur ni d’impoli.
— Comment est votre malle ?
Je lui en fis la description, complète, sans oublier le ruban vert.