Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/71

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Immédiatement il prit le conducteur à part, et parut le secouer d’importance. Revenant ensuite vers moi :

— La voiture était trop chargée, à ce qu’il dit, à son départ d’Ostende, où il a laissé votre malle, avec plusieurs autres caisses et paquets. Il promet de la faire venir demain ; vous pourrez la réclamer après-demain matin à ce même bureau.

— Merci, monsieur.

Et j’essayai de sourire, mais, au fond, j’étais désolée. Que devenir, si ma malle était pendue ?

Il lut mon effroi dans mes traits, car il me demanda, d’un ton compatissant, si j’avais des amis à Bruxelles.

— Aucun.

— Et où descendez-vous ?

— Je ne sais.

Il y eut un moment de silence. À la clarté d’une lampe, vers laquelle se trouvait tourné son visage, je distinguai encore mieux ses traits. C’était un beau jeune homme, plein de distinction, un lord peut-être ! La nature lui avait donné une mine assez haute, un port assez fier pour qu’on pût le croire un prince ; mais il était exempt de morgue et d’arrogance. Presque honteuse de l’avoir forcé d’intervenir pour moi près du conducteur, je m’éloignais lorsqu’il m’arrêta en me deman-