Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pénétrante. Le boulevard était désert, ses allées remplies de boue, l’eau dégouttait des arbres ; le Parc était noir comme minuit dans les romans de mistress Anne Radcliffe. Je ne distinguais même pas mon guide, mais je le suivais au bruit de ses pas ; je l’aurais suivi ainsi jusqu’au bout du monde.

— Maintenant, me dit-il quand le Parc fut traversé, vous allez suivre cette grande rue jusqu’à ce que vous arriviez à un large escalier de pierre. Deux candélabres à réverbère vous indiqueront où il est. Vous descendrez les degrés, qui vous conduiront dans une rue étroite ; suivez cette rue ; votre hôtel se trouve à son extrémité ; on y parle anglais ; une fois là, vous serez tirée d’embarras ! Bonsoir !

— Bonsoir, monsieur, et croyez à ma sincère reconnaissance.

Nous nous séparâmes pour ne plus nous revoir selon toute apparence ; mais l’expression de ses traits, le son de sa voix, annonçaient une nature chevaleresque prête à venir en aide du faible et au malheureux, nature trop rare de notre temps pour qu’on n’en garde pas mémoire. C’était, je le répète, un véritable gentleman anglais.

Restée seule, je hâtai le pas à travers une large rue et une place entourée de vastes maisons au milieu desquelles s’élevait plus d’un