Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/75

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l’hôtel, tant cherché ? Mes genoux commençaient à fléchir sous moi ; je me sentais à bout de force.

Non, ce n’était pas encore mon hôtel, mais sur une grande plaque en cuivre qui décorait la porte cochère, on lisait cette inscription : « Pensionnat de demoiselles, » et un peu plus bas, « Madame Beck. »

Mille pensées se heurtèrent à la fois dans mon cerveau ; je demeurai comme étourdie de surprise. Le doigt de la Providence n’était-il pas là ? Ne semblait-elle pas me dire : « Voilà ton asile ? » Comment opposer ma volonté à la sienne ? Je ne me sentais plus maîtresse de mes actions ; obéissant à une impulsion surnaturelle, irrésistible, je sonnai.

On me laissa le temps de la réflexion, mais je ne réfléchis à rien. Je regardais machinalement les cailloux, de la rue à l’endroit où ils étaient éclairés par le reflet de la lanterne ; je les comptais, j’observais leurs formes et le scintillement de l’eau à leurs angles. Craignant de n’avoir pas été entendue, je sonnai une seconde fois ; on finit par ouvrir : une servante coiffée d’un bonnet coquet se tenait devant moi.

— Puis-je parler à madame Beck ? lui dis-je en anglais.

Si j’avais parlé, français, elle aurait proba-