Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

blement refusé de m’admettre à cette heure indue ; mon accent anglais la dérouta. J’étais une gère ; je venais sans doute de loin, pour quelque affaire regardant le pensionnat, et trop pressée pour qu’on pût dire : « Repassez demain. »

Je fus donc introduite immédiatement dans un grand salon, dont le poêle de faïence n’était pas allumé et où il faisait très-froid. Les murs étaient couverts de boiseries dorées, le parquet ciré et luisant. Une riche pendule, placée sur le manteau de la cheminée, sonnait neuf heures.

Un quart d’heure se passa, mon pouls battait de plus en plus vite. Tantôt j’étais brûlante et tantôt je frissonnais ; bien certainement j’avais la fièvre. Les yeux fixés sur la porte a deux battants ornés de moulures dorées, j’épiais l’instant où elle s’ouvrirait ; mais tout restait calme ; on aurait entendu trotter une souris.

— Vous êtes Anglaise ? me dit soudain une voix partant je ne sais d’où.

Je bondis sur ma chaise, tant je me croyais certaine d’être seule.

Ce n’était pourtant pas la voix d’un spectre ; bien s’en faut ! une petite femme replète, en peignoir blanc, en cornette de nuit, enveloppée d’un grand châle, venait d’entrer à l’im-