Page:Bronte - La Maitresse d anglais - tome 1.djvu/77

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proviste par une porte masquée dans la boiserie.

Je lui répondis qu’en effet j’étais Anglaise, et sans autre prélude nous nous lançâmes dans la plus singulière conversation. Madame Beck, car c’était elle, avait épuisé, en me demandant si j’étais Anglaise, tout son vocabulaire anglais ; elle continuait l’entretien dans sa propre langue avec une volubilité sans pareille. Je lui répondais dans la mienne autant que cela peut s’appeler répondre ; car si elle me comprenait peu, je ne la comprenais pas toujours, en sorte qu’en faisant un véritable va carme (jamais je n’avais rien entendu ni imaginé de comparable au débit de madame), nous faisions fort peu de chemin. Enfin, elle se décida à sonner pour appeler un renfort qui arriva sous la forme d’une sous-maîtresse, élevée, disait-on, dans un couvent irlandais et réputée connaitre à fond la langue anglaise. C’était une petite personne, visiblement brouillée avec les grâces, et Bruxelloise de la tête aux pieds. Comme elle massacrait ce pauvre idiome d’Albion ! Je lui racontai ma très-simple histoire qu’elle traduisit. Je lui dis que j’avais quitté l’Angleterre dans l’espoir de m’instruire en gagnant mon pain à l’étranger. J’étais prête à me rendre utile de toutes les façons, pourvu qu’on n’exigeât de moi rien de