multitude de catalogues où ils se trouvent dispersés. Mais le résultat le plus heureux peut-être qu’ait obtenu cette partie de mes recherches, c’est d’avoir soustrait à la destruction un grand nombre de livres précieux, qui couraient le risque de subir le sort réservé aux papiers inutiles, si la valeur que je leur ai reconnue n’avait pas éveillé l’attention de leurs possesseurs ; c’est d’avoir empêché qu’une partie de ces mêmes livres nous fût enlevée à vil prix par des étrangers ; c’est enfin d’avoir suggéré aux amateurs de ces bijoux littéraires l’idée de les faire relier avec un certain luxe, ce qui en assurera pour longtemps la conservation.
Quant aux livres qui, sans être très-communs, se rencontrent assez souvent pour que la fréquentation des ventes publiques puisse en faire connaître la valeur, je les ai appréciés d’après un terme moyen, qui toutefois ne peut être regardé que comme approximatif et transitoire. En faisant ces évaluations, j’ai supposé les livres en bon état, mais sans rien de bien recherché dans la reliure. Seulement, pour faire voir combien la belle conservation d’un exemplaire et l’élégance d’une reliure peuvent en augmenter la valeur, j’ai eu soin de rapporter quelques exemples des prix excessifs que des volumes d’une condition extraordinaire ont atteints dans certains cas. Cette distinction étant une fois bien établie, il n’y aura pas de ma faute si l’on prétend s’autoriser du prix exceptionnel d’un de ces beaux livres pour apprécier tout autre exemplaire qui n’aurait rien de remarquable ; ou bien si, au contraire, on ne veut attacher à un exemplaire de choix et magnifiquement relié d’autre prix que celui d’un exemplaire commun.
Les livres nouvellement publiés se prêtent moins que les autres à des appréciations arbitraires ; car, n’ayant pas encore subi l’épreuve du temps, ils sont censés n’avoir d’autre prix que celui qui leur a été assigné par leurs éditeurs, bien que parfois il soit possible de se procurer au-dessous des prix fixés, soit une grande partie des livres de luxe qui conviennent à si peu de personnes, soit des ouvrages qui n’ont pas eu de succès, soit enfin d’autres justement estimés, mais dont un trop grand nombre d’exemplaires se seront trouvés tout à coup jetés dans le commerce, par suite de quelque sinistre. À l’égard de cette dernière catégorie, j’ai dû m’en tenir au prix de publication, sans rien préjuger pour l’avenir.
Ainsi que l’annonce le titre de cet ouvrage, la seconde partie du Manuel est uue table où sont classés, dans l’ordre méthodique du système bibliographique le plus généralement reçu en France, tous les ouvrages déjà décrits dans la première partie, et 18 000 articles, au moins, qui ne s’y trouvent pas, mais qui pourtant méritaient d’être portés dans les classes respectives auxquelles ils appartiennent. Ce second répertoire a l’avantage d’offrir en un seul volume le catalogue raisonné d’une bibliothèque formée sur un vaste plan. Pour éviter tout double emploi qui ne fût pas indispensable, je n’y ai fait entrer ni plusieurs éditions d’un même ouvrage, ni les traductions qui en ont été faites ; toutes choses déjà suffisamment détaillées dans le Dictionnaire auquel cette Table renvoie. Par ce moyen j’ai réduit à moins de 50 000 articles tout au plus un Catalogue qui autrement aurait pu être facilement porté à 80 000. Comme j’ai eu soin de répéter dans le Dictionnaire, à la fin de chaque titre, le numéro d’ordre sous lequel ce même titre est placé dans la Table méthodique, il sera facile de connaître quelle place tel ou tel ouvrage occupe dans le système bibliographique adopté par nous ; et en même temps il suffira d’avoir présent à la mémoire le nom d’un auteur célèbre dans un genre quelconque, pour pouvoir trouver réunies les autres productions les plus estimables qui se rapportent à ce même genre[1]. Enfin, quoique je sois
- ↑ Pour bien établir cette double concordance, il a fallu qu’avant de procéder à l’impression des volu-
