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ROCHES STRATIFIÉS PRIMITIVES.

planète en fusion. Donc, toutes ces espèces ont eu nécessairement un commencement, et ce commencement a eu lieu postérieurement à cette liquéfaction générale dont l’existence a été retrouvée par la science qui nous occupe.

Je ne crois pas pouvoir mieux conclure cet argument que par le passage suivant de ma leçon inaugurale[1].—« L’étude des témoignages fournis par les phénomènes géologiques nous met à même de poser avec plus de sécurité les fondemens véritables de la théologie naturelle, puisqu’elle nous démontre clairement une époque qui a précédé celle où le globe devint habitable, et dès lors nécessairement antérieure à l’existence des êtres qui s’y sont succédé. Quand notre esprit s’est ainsi familiarisé avec l’idée d’un commencement et d’une première création des êtres dont nous sommes entourés, les preuves de sagesse et de prévoyance qui nous sont révélées par l’étude plus intime de ces organisations entraînent avec elles une conviction plus invincible de l’existence d’une intelligence créatrice ; et l’hypothèse d’une série de causes, se succédant indéfiniment les unes aux autres, tombe d’elle-même. Notre raisonnement est celui-ci : la géologie nous démontre qu’il y eut une époque où les êtres organisés n’existaient pas encore ; ces êtres ont donc eu un commencement postérieur à cette époque, et ce commencement ne peut être attribué qu’à la volonté, au fiat d’une puissance créatrice infiniment sage et infiniment intelligente.»

Cuvier a été conduit à la même conclusion par ses observations sur les phénomènes géologiques : « Mais ce qui étonne davantage encore, et ce qui n’est pas moins certain, c’est que la vie n’a pas toujours existé sur le globe, et qu’il est facile à l’observateur de reconnaître le point où elle a commencé à déposer ses produits[2]. »

  1. Oxford, 1819, p. 20.
  2. Cuvier, Ossemens fossiles, disc. prél. 1824, t. 1, p. 9.