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THÉORIE DE LA TERRE.

paru, l’aurore boréale en prend la place. Le ciel y est rarement serein ; et, dans le printemps et dans l’automne, l’air est habituellement rempli de brouillards très épais, et durant l’hiver, d’une infinité de petites flèches glaciales sensibles à l’œil. Quoique les chaleurs de l’été soient assez vives durant deux mois ou six semaines, le tonnerre et les éclairs sont rares.

La mer, le long des côtes de Norwège qui sont bordées par des rochers, a ordinairement depuis cent jusqu’à quatre cents brasses de profondeur, et les eaux sont moins salées que dans les climats plus chauds. La quantité de poissons huileux dont cette mer est remplie la rend grasse au point d’en être presque inflammable : le flux n’est point considérable, et la plus haute marée n’y est que de huit pieds.

On a fait, dans ces dernières années, quelques observations sur la température des terres et des eaux dans les climats les plus voisins du pôle boréal.

« Le froid commence dans le Groenland à la nouvelle année, et devient si perçant au mois de février et de mars, que les pierres se tendent en deux, et que la mer fume comme un four, surtout dans les baies. Cependant le froid n’est pas aussi sensible au milieu de ce brouillard épais que sous un ciel sans nuages : car, dès qu’on passe des terres à cette atmosphère de fumée qui couvre la surface et le bord des eaux, on sent un air plus doux et le froid moins vif, quoique les habits et les cheveux y soient bientôt hérissés de bruine et de glaçons. Mais aussi cette fumée cause plutôt des engelures qu’un froid sec ; et, dès qu’elle passe de la mer dans une atmosphère plus froide, elle se change en une espèce de verglas, que