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ART. XII. FLUX ET REFLUX.

digne de foi, et que j’ai cru d’autant plus facilement, que j’ai vu moi-même quelque chose d’approchant. Dans la principale des îles Orcades il y a des côtes composées de rochers coupés à plomb et perpendiculaires à la surface de la mer, en sorte qu’en se plaçant au dessus de ces rochers, on peut laisser tomber un plomb jusqu’à la surface de l’eau, en mettant la corde au bout d’une perche de neuf pieds. Cette opération, que l’on peut faire dans le temps que la mer est tranquille, a donné la mesure de la hauteur de la côte, qui est de deux cents pieds. La marée, dans cet endroit, est fort considérable, comme elle l’est ordinairement dans tous les endroits où il y a des terres avancées et des îles : mais, lorsque le vent est fort, ce qui est très ordinaire en Écosse, et qu’en même temps la marée monte, le mouvement est si grand, et l’agitation si violente, que l’eau s’élève jusqu’au sommet des rochers qui bordent la côte, c’est-à-dire à deux cents pieds de hauteur, et qu’elle y tombe en forme de pluie ; elle jette même à cette hauteur des graviers et des pierres qu’elle détache du pied des rochers ; et quelques unes de ces pierres, au rapport du témoin oculaire que je cite ici, sont plus larges que la main.

J’ai vu moi-même dans le port de Livourne, où la mer est beaucoup plus tranquille, et où il n’y a point de marée, une tempête au mois de décembre 1731, où l’on fut obligé de couper les mâts de quelques vaisseaux qui étoient à la rade, dont les ancres avoient quitté ; j’ai vu, dis-je, l’eau de la mer s’élever au dessus des fortifications, qui me parurent avoir une élévation très considérable au dessus des eaux ; et comme