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THÉORIE DE LA TERRE.

et assez étendue pour qu’on pût voir d’un coup d’œil le résultat de ces vicissitudes de l’air dans chaque pays, je ne doute pas qu’on n’arrivât à ce degré de connoissance dont nous sommes encore si fort éloignés, à une méthode par laquelle nous pourrions prévoir et prédire les différents états du ciel et la différence des saisons : mais il n’y a pas assez long-temps qu’on fait des observations météorologiques, il y en a beaucoup moins qu’on les fait avec soin, et il s’en écoulera peut-être beaucoup avant qu’on sache en employer les résultats, qui sont cependant les seuls moyens que nous ayons pour arriver à quelque connoissance positive sur ce sujet.

Sur la mer les vents sont plus réguliers que sur la terre, parce que la mer est un espace libre, et dans lequel rien ne s’oppose à la direction du vent ; sur la terre, au contraire, les montagnes, les forêts, les villes, etc., forment des obstacles qui font changer la direction des vents, et qui souvent produisent des vents contraires aux premiers. Ces vents réfléchis par les montagnes se font souvent sentir dans toutes les provinces qui en sont voisines, avec une impétuosité souvent aussi grande que celle du vent direct qui les produit ; ils sont aussi très irréguliers, parce que leur direction dépend du contour, de la hauteur, et de la situation des montagnes qui les réfléchissent. Les vents de mer soufflent avec plus de force et plus de continuité que les vents de terre ; ils sont aussi beaucoup moins variables et durent plus long-temps. Dans les vents de terre, quelque violents qu’ils soient, il y a des moments de rémission et quelquefois des instants de repos ; dans ceux de mer, le courant d’air est constant