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THÉORIE DE LA TERRE.

plosion assez violente qui produisoit même une espèce de petit tremblement.

En 1669, dans une furieuse éruption de l’Etna, qui commença le 11 mars, le sommet de la montagne baissa considérablement, comme tous ceux qui avoient vu cette montagne avant cette éruption s’en aperçurent ; ce qui prouve que le feu du volcan vient plutôt du sommet que de la profondeur intérieure de la montagne. Borelli est du même sentiment, et dit précisément « que le feu des volcans ne vient pas du centre ni du pied de la montagne, mais qu’au contraire il sort du sommet et ne s’allume qu’à une très petite profondeur[1]. »

Le mont Vésuve a souvent rejeté, dans ses éruptions, une grande quantité d’eau bouillante : M. Ray, dont le sentiment est que le feu des volcans vient d’une très grande profondeur, dit que c’est de l’eau de la mer qui communique aux cavernes intérieures du pied de cette montagne ; il en donne pour preuve la sécheresse et l’aridité du sommet du Vésuve, et le mouvement de la mer, qui, dans le temps de ces violentes éruptions, s’éloigne des côtes, et diminue au point d’avoir laissé quelquefois à sec le port de Naples. Mais quand ces faits seroient bien certains, ils ne prouveroient pas d’une manière solide que le feu des volcans vient d’une grande profondeur ; car l’eau qu’ils rejettent est certainement l’eau des pluies qui pénètre par les fentes, et qui se ramasse dans les cavités de la montagne : on voit découler des eaux vives et des ruisseaux du sommet des volcans, comme il en découle des autres montagnes élevées ; et comme elles

  1. Voyez Borelli, de Incendiis montis Etnæ.