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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

couverte que de quelques végétaux parsemés, et elle est absolument incapable de produire du blé et des vins ; il y a seulement quelques gros arbres dans les crevasses qui sont remplies d’un bon terreau. La surface des laves devient avec le temps un sol très fertile.

» En allant en Piémont, continue M. Brydone, nous passâmes sur un large pont construit entièrement de lave. Près de là, la rivière se plonge à travers une autre lave, qui est très remarquable et probablement une des plus anciennes qui soient sorties de l’Etna ; le courant, qui est extrêmement rapide, l’a rongée en plusieurs endroits jusqu’à la profondeur de cinquante ou soixante pieds ; et selon M. Recupero, son cours occupe une longueur d’environ quarante milles : elle est sortie d’une éminence très considérable sur la côte septentrionale de l’Etna ; et comme elle a trouvé quelques vallées qui sont à l’est, elle a pris son cours de ce côté ; elle interrompt la rivière d’Alcantara à diverses reprises, et enfin elle arrive à la mer près de l’embouchure de cette rivière. La ville de Jaci et toutes celles de cette côte sont fondées sur des rochers immenses de laves, entassés les uns sur les autres, et qui sont en quelques endroits d’une hauteur surprenante ; car il paroît que ces torrents enflammés se durcissent en rochers dès qu’ils sont arrivés à la mer… De Jaci à Catane on ne marche que sur la lave ; elle a formé toute cette côte, et, en beaucoup d’endroits, les torrents de lave ont repoussé la mer à plusieurs milles en arrière de ses anciennes limites… À Catane, près d’une voûte qui est à présent à trente pieds de profondeur, on voit un endroit escarpé où l’on distingue plusieurs couches de lave, avec une de terre très épaisse sur la sur-