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Mais soyez convaincu que vous aurez les sympathies et l’appui de tout homme indépendant d’esprit, tant que vous conduirez votre petit journal avec tact et que vous vous attacherez à la vérité.

Le gouvernement local peut se vanter de ses écoles et de l’éducation publique, mais quelle peut être la valeur de cette éducation, quand la voix d’un seul homme, (comme dans la discussion entre les abbés Pouliot et Chandonnet), peut clore toute discussion, sous la menace du plus grand des châtiments qui puisse frapper un catholique ?

Cette éducation ne peut servir qu’à appesantir encore davantage notre jeunesse sous un joug énervant et funeste.

Continuez comme vous avez commencé. Réussissez ; vous avez les meilleurs souhaits de tous les hommes éclairés et libéraux.

Un Protestant


Un protestant ! Ah ! quand j’arrivai à cette signature, quel coup de foudre ! En un instant toutes mes illusions s’enfuirent. Peut-on signer « Un Protestant ! »

Cette lettre est mon coup de grâce. Désormais l’Ordre ne me fera plus de réclames, et le Nouveau-Monde, possédant la preuve manifeste de mon apostasie, n’aura plus besoin de l’inventer !

L’Institut canadien-français, n’ayant plus de membres, a compris l’urgence de nommer des officiers.

Les messieurs suivants ont été élus, c’est-à-dire se sont élus, par le suffrage universel.

M. Bourgoin, secrétaire-correspondant. Cette charge exigeait un homme d’une santé vigoureuse, capable de signer son nom et au fait de toutes les notes échangées entre M. Duhamel et M. Thibault, lorsque celui-ci reçut de celui-là ce fameux coup de pied qui l’ébranla jusque dans ses fondements.

M. Bourgoin aura la faculté de se décharger sur un secrétaire adjoint de toutes les lettres qu’il n’y aura pas lieu d’écrire, se réservant les adresses à Sir Fortunat Belleau qui continue d’être gouverneur, dans l’attente d’une nouvelle « exposition provinciale » des plus belles bêtes du pays.

MM. Valois et Rolland ont été nommés trésoriers du petit tronc de l’Institut. On ne leur a pas demandé de cautionnement.

Le comité de la bibliothèque a la charge d’un volume que les membres du comité devront emporter tour à tour chez eux, vu l’impossibilité de le placer dans le dit Institut, transformé en bureaux d’avocats.

Le comité de discussion siégera tous les trois mois pour discuter si le gardien de l’Institut prendra ou non le titre d’Excellence.

Il s’est agi en outre de décider si l’on s’abonnerait à la Lanterne.

C’est alors que M. Thibault, dans un transport d’éloquence, s’écria qu’il recevrait plutôt 300 autres coups de pied de M. Duhamel, à cinq shillings pièce,[1] que de laisser une lumière quelconque pénétrer dans les salles du Canadien-français.

  1. M. Duhamel avait été condamné à cinq shillings d’amende pour avoir donné au dit Thibault le dit coup de pied.